lundi 12 octobre 2009

On the night stage



On the night stage
1914
Reginald Barker
Avec: Robert Edeson, William S. Hart, Rhea Mitchell

Les vieux films muets ont parfois une poésie insoupçonnable, une tristesse renforcée par l'accompagnement musical au piano, répétitif et mélancolique. C'est le cas de On the night stage, où le piano nappe le film d'une atmosphère morose sans jamais souligner l'action, comme s'il y avait réellement un gars dans la salle avec son piano, jouant la tête dans ses soucis sans même regarder le film. La mélodie crée alors une certaine distance avec le film qui nimbe l'histoire d'un plaisant parfum d'inéluctabilité.
On the night stage est un film de l'époque où William S. Hart était déjà une star, mais une star qui partageait encore la tête d'affiche avec d'autres. Après une introduction théâtrale des acteurs, avec effets spéciaux d'époque, un pasteur (Robert Edeson assez plat) arrive dans une ville mal famée de l'Ouest, il est la risée d'à peu près tout le monde. Il tombe amoureux d'une fille de saloon (Rhea Mitchell, qui ne fait pas vraiment d'étincelles, mais qui au moins, a vraiment l'air vulgaire) et veut se marier avec elle. Pas de bol, un bandit (William S. Hart) se l'était déjà promise. Il ne s'agit pas là d'assister aux rivalités amoureuses des deux hommes puisqu'ils deviennent assez rapidement amis, mais plutôt de percevoir à nouveau l'impossibilité de la rédemption. La jeune fille, devenue croyante et mariée au pasteur, se voit rattrapée par son passé. Le bandit, qui a laissé se marier la femme de sa vie avec un autre, est obligé de jouer à nouveau au bandit pour protéger celle qu'il continue à aimer en vain. Le film se termine sombrement, avec un William S. Hart morne qui n'a plus que son cheval comme ami.
Peu d'action dans ce western romantique, à part William S. Hart qui se fait massacrer par un dizaine de gars, et le pasteur qui vient à la rescousse, ainsi qu'un petit gunfight sec et rapide, dans la wilderness. Un peu d'humour aussi lorsque les deux hommes se serrent leurs douloureuses mains le lendemain de la bagarre. Et une violence contenue en permanence, une rage d'aimer dans un monde perverti, qui montre une fois de plus la richesse et la modernité (relative quand même, le style, la technique sont à remettre dans le contexte de l'époque) des films de cette période par opposition à ce qui se fera lors de la première décennie du parlant.

3 commentaires:

  1. "tirant alors entre le spectacle et son spectateur une distance mesurée qui nimbe l'histoire d'un plaisant parfum d'inéluctabilité"

    Heulà ! Y en a là-dedans !
    Moi y en avoir rien compris !

    Pas oublier non plus que ces pianotages sont rajoutés, à l’époque les gens mataient ça le plus souvent brut de fonderie.

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  2. Y'avait quand même souvent un piano dans la salle, et le pianiste jouait ce qu'il voulait.

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  3. Ouais mais pas obligé.

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