lundi 2 juillet 2007

Un nommé Cable Hogue


Attention aux gâchages (spoilers…)
The Ballad of Cable Hogue
1970
Sam Peckinpah

Avec:Jason Robards, Stella Stevens, David Warner




Alors qu’il chemine, seul et sans eau, abandonné par ses deux associés dans le désert aride, le nommé Cable Hogue (Jason Robards) a soif. Tout occupé à invectiver Dieu tout puissant, il trébuche. La providence l’a fait tombé au bon endroit, puisqu’il vient en effet de découvrir une source, dans ce coin paumé réputé sec comme la pierre. Bien vite, il va tout faire pour tirer profit de cette belle découverte, tout en gardant en tête une future vengeance à l’encontre de ses ex-associés.




L’ultra-violence que l’on attribue volontiers au style Peckinpah n’aura finalement été à l’œuvre que dans un film : La Horde Sauvage. Les fusillades au ralenti sont bien présentes dans Guet-apens ou Osterman Week End, mais sans cette folie que l’on lit dans les yeux de Warren Oates. Quant à la violence dans Major Dundee, Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia , Chiens de pailles et Pat Garret et Billy The Kid, elle est différente, plus subtile et plus réaliste. La violence n’existe quasiment pas dans Un nommé Cable Hogue. Cable Hogue supprime bien un gêneur en début de film, L.Q Jones se fait lui aussi trouer la peau, mais cela semble plus pour remplir un quota minimum de détonations de manière à rassurer les producteurs et à remplir une bande annonce. De même, le spectateur qui surveille d’un œil attentif l’élevage de serpents à sonnette de Cable Hogue, en pressentant un drame à venir du type Le Reptile (ou Kill Bill 2 pour ceux qui ne connaissent pas Le Reptile) en sont pour leurs frais. Les pauvres bêtes sont bien utilisées à des fins offensives, mais la scène est tournée en mode comique, et vous ne verrez pas de sale type mourir la bave aux lèvres.
Soit.
Révolution sexuelle aidant, le spectateur qui est en train de regarder un Peckinpah attend ou redoute selon sa profession de foi certains passages sexuellement explicites, comme ce bain dans le désert où Jason Robards frotte le dos de la prostituée Hildy Stella Stevens, là aussi semble t-il un argument de vente mis en avant pendant la promotion du film. Hélas ou heureusement, tel n’est pas non plus le sujet du film. La conclusion du bain est aussi traitée sur le mode comique, tout comme la rencontre initiale avec Hildy qui dévoile des sous-vêtements qui portent son nom brodé dans un gros cœur rose. Le révérend obsédé sexuel (David Warner) qui console à sa façon les femmes éplorées est dans ce style, bien gratiné lui aussi ! Le sexe dans Un nommé Cable Hogue est donc plus un élément paillard et lié à l’époque de production du film qu’un véritable thème développé à partir d’un discours construit et/ou militant.
Soit.
Il reste alors au spectateur à se rabattre sur une autre thématique chère au réalisateur : le vieil Ouest vieillissant, le romantisme des héros fatigués, la mélancolie crépusculaire noyée sous des litres de whisky, une pute mexicaine dans chaque bras. Mais là aussi notre spectateur se fait entuber. Outre que les protagonistes ne mettent pas les pieds au Mexique, le poids des ans ne semble nullement affecter Cable Hogue qui au contraire semble y trouver un Carpe Diem des plus réjouissants. Certes l’ironie de la conclusion donne un ton résolument misérabiliste à notre héros dépassé par la modernité (il vient de se faire écraser par une voiture), seulement Cable Hogue met tellement de bonne humeur à mourir que rien ne permet de placer cette mort dans une thématique proprement crépusculaire. La figure de la vengeance est également si peu développée, et même abandonnée en cours de route, qu’on a peine à se croire dans un bon vieux western.
Alors quoi bordel ?
Alors Un nommé Cable Hogue est une comédie légère sur la joie de vivre, sur les petits défauts des gens. Cable Hogue est radin et fourbe mais il est bon et attentionné. Hildy rêve de fortune et de haute société, pourtant elle reste longtemps dans le désert avec cet homme qui a su l’aimer. Le révérend Joshua est obsédé sexuel mais il est également un ami et le narrateur du film. Même le méchant Strother Martin n’en est pas vraiment un. Recevant l’absolution de Hogue, il devient lui aussi un élément comique en devenant encore plus rapace que Hogue lui-même, tout en étant comme un enfant quand il se vante d’avoir vu deux fois déjà des automobiles. Tout le monde est beau et gentil, bien qu’un peu enfoiré sur les bords ! Cable Hogue construit autour de lui une petite communauté idyllique, à l’écart de la ville où ces personnages un rien marginaux n’ont pas leur place. Et la sauce prend, on s’attache aux personnages, à leurs va-et-vient et à leurs comportements incongrus. Un nommé Cable Hogue est donc une pause, une respiration indispensable dans l’exploration de la filmographie tourmentée de ce réalisateur hors normes. En outre, on y trouve une manière tout à fait révolutionnaire de faire la vaisselle !


Le DVD Warner n’a rien d’exceptionnel en terme de bonus qui ne sont pas sous-titrés. Mais l’image du film est parfaite, avec une belle couleur rouge ocre pour le désert, l’un des personnages principaux du film. N'hésitez pas!

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