lundi 9 juillet 2007

Le vent de la plaine

 

The Unforgiven
John Huston
1960
Avec: Burt Lancaster, Audrey Hepburn


Un lourd secret est préservé au sein de la famille Zachary, un secret que seule la mère de famille connaît, un secret qui ne plairait ni aux familles alentours, ni aux indiens Kiowa. Les ennuis commencent quand un cavalier fantôme surgit de nulle part.

Le vent de la plaine fait partie de ces chefs d’œuvre qui traînent des années sur vos étagères parce que vous n’avez jamais le courage de le regarder. La jaquette parle de plaidoyer anti-raciste, de grands sentiments, et ce n’est pas que vous ayez peur de vraiment vous emmerder, c’est simplement qu’il y a toujours un primaire Texas Addio ou un stupide On m’appelle Providence qui vous tente plus à ce moment là.
Et bien sûr, le jour où vous le voyez, vous regrettez de ne pas l’avoir fait plus tôt. Parce que malgré toute la sympathie que je porte à Texas Addio et à On m’appelle Providence, il faut bien admettre que Le vent de la plaine appartient à une catégorie supérieure. D’abord parce que le racisme dont il traite est pire encore qu’un « simple » racisme anti-noir ou anti-indien, pire que le racisme évident basé sur la différence de couleur de peau ou de culture, que l’on pourrait à la rigueur taxer de « compréhensible ». Le racisme dépeint dans Le vent de la plaine démontre au contraire que le racisme n’a pas besoin de l’excuse de la différence pour exister. Quand les colons apprennent que la petite Zachary est en fait de sang indien, ils la rejettent en bloc alors qu’elle était parfaitement acceptée jusqu’ici, et que personne ne soupçonnait quoi que ce soit. Un peu à la manière de Vian dans J’irai cracher sur vos tombes (qui décrit la vengeance d’un homme à la peau blanche mais considéré comme noir), John Huston désespère le spectateur par ce tableau sans concession de la connerie humaine, tout juste atténué in extremis par la loyauté familiale qui seule, semble plus forte que le rejet des indiens.
Et puis Le vent de la plaine n’est pas un simple film politiquement correct pétri de bonnes intentions. C’est surtout et avant tout un grand moment de cinéma, qui n’oublie à aucun moment qu’un western doit être porté par l’action pour fonctionner correctement. En résumé, c’est aussi un bon vieux western avec des blancs encerclés et des indiens qui tournent autour. Les indiens sont près à tous périr pour récupérer une femme. Les blancs sont près à tous périr pour préserver la sacro-sainte famille. Le petit groupe terré et soudé face à la menace, on a déjà vu ça, et ça fonctionne toujours aussi bien. Le final, furieux et sanglant étonne. Plus tôt dans l’intrigue, le lynchage crispé et tendu étonne aussi. Plus tôt encore, ce cavalier sudiste fantomatique perdu dans le vent, briseur de destinée, presque insaisissable, presque sartanesque, étonne également.


Les acteurs ne sont pas en reste. Bien que Audrey Hepburn parle avec l’accent anglais, elle irradie à au moins 25 tera-becquerels. Bien que Burt Lancaster nous la joue monolithique et droit, l’ambiguïté de son amour pour sa presque sœur et son attitude somme toute ambivalente quand il apprend qu’elle est indienne (il finit par faire le bon choix, mais on sent bien que ça l’emmerde un peu quand même) ne le rangent pas tout à fait dans le camp des interprètes mono-couleurs. Bien que Audie Murphy ne soit pas vraiment avantagé avec une moustache, il campe le personnage le plus bouillonnant, le plus blessé intérieurement. Enfin, bien que John Saxon disparaisse au beau milieu de l’histoire, on remarque sa pose et son sourire qui font penser à Jack Nicholson jeune.
En conclusion, la prochaine fois que vous avez un film réputé sous la main et que vous hésitez entre ce film réputé et Les rangers défient les karatékas, pour une fois, ne cédez pas à la facilité, laissez les navets sympathiques de coté et tapez vous un grand et vrai moment de cinéma !

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