lundi 9 juillet 2007

Le dernier train de Gun Hill



1959
Last train from Gun Hill
John Sturges

Avec : Kirk Douglas, Anthony Quinn, Carolyn Jones



France 2 chérie a diffusé une bonne poignée de westerns pendant les fêtes. Le Dernier Train de Gun Hill en était. Mais, coincé entre une tablette de saumon fumé label rouge et une tarte frangipane maison, j’ai malheureusement raté tout le début. Sauf qu’en fait, ce serait presque tant mieux !


Prendre un John Sturges en vol, ça marche du tonnerre de feu, et ça rajouterait presque une petite dose d’humanité au film, grâce au mystère ajouté sur les motivations des personnages. On rentre d’ailleurs dans l’action comme un bulldozer dans une meule de foin, on ne sait pas pourquoi Kirk Douglas assomme un type planqué derrière un rideau, mais il le fait, et c’est ça qui compte, on ne sait pas pourquoi il enferme tout le monde dans un placard, mais il le fait bien, et c’est ça qui compte. Ensuite, il se terre dans une chambre d’hôtel avec son gars assommé, et Anthony Quinn et ses hommes sont là pour récupérer le gars, comme dans un Rio Bravo encore plus désespéré, sans prison, sans Stumpy et sans adjoint jeunôt. Le héros attend le fameux « Dernier Train de Gun Hill », et la tension monte bien vite, avec notre Kirk Douglas assiégé, Anthony Quinn assiégeant, et Carolyn Jones qui tente de faire cesser le massacre. Le personnage de Carolyn Jones est le seul personnage humain, dans le sens noble du terme, de cette petite tragédie, car Kirk Douglas agit comme un robot vengeur respectueux de la loi, Anthony Quinn agit comme un méchant qui ferait n’importe quoi pour ne pas perdre son fils, les petits notables et commerçants attendent de voir qui va mourir. Chacun joue donc son rôle à la perfection sans en dévier d’un iota. On peut bien sûr rétorquer que le rôle de la femme dans les westerns a toujours été de faire dévier les hommes de leur schéma binaire vengeance/honneur, mais Carolyn Jones le fait avec un tel désenchantement dans le regard, un tel mépris pour tous les habitants de sa ville, que son rôle devient tragique avec un grand T. Elle prend finalement parti pour le beau Kirk en lui apportant un fusil double canon court. Kirk Douglas est un héros têtu comme on les aime : il devrait se battre contre une horde de 150 types déchaînés pour mener sa vengeance à terme, qu’il le ferait sans hésiter. La lente marche debout sur un carriole vers la gare est magnifique, avec ce pauvre Anthony Quinn impuissant. Le final dégénère juste ce qu’il faut pour montrer que la vengeance ne sert à rien, pas même à redevenir humain.
Du bon western bien ciselé, réglé comme un satellite, sans temps mort ni baisse de rythme, de l’action à revendre, des mâchoires crispées en veux tu en voilà, et cette détermination dans le regard de Kirk Douglas quand il raconte à sa proie le supplice de la pendaison… Un film qui donne envie de revoir Règlement de compte à OK Corral et Les sept mercenaires. Il est vraiment étrange que Sturges rata si bien son coup avec Clint Eastwood dans Joe Kidd, mais que cela n’empêche pas les amateurs de savourer ce Dernier train de Gun Hill comme il le mérite !
Et merci France 2 chérie !

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