lundi 2 juillet 2007

Ciakmull, le batârd de Dodge City



Critique courte pour un western spaghetti dont le titre fait craindre le pire.

1969
Ciakmull, l'uomo della vendetta
Enzo Barboni

Avec : Leonard Mann, Peter Martell, Woody Strode, George Eastman

Ciakmull (Leonard Mann) regarde hagard, sa prison brûler pendant que les autres prisonniers épouvantés courent partout. Ciakmull est amnésique, il ne se souvient pas de sa famille ni de son passé. Il se secoue un peu avant de se transformer en torche humaine et finit par s’évader en compagnie de trois malfrats. Ces trois là (Peter Martell, Woody Strode, George Eastman) deviendront ses seuls vrais amis parce que laver son linge sale en famille quand on est amnésique, ce n’est jamais une partie de plaisir.
Les spagh se suivent et se ressemblent. Une bande de 4 ou 5 héros selon les cas, une musique enjouée, des noms de personnage exotiques, des tenues vestimentaires hétéroclites, des intrigues oedipiennes qui feraient passer Shakespeare pour Martine à l’école. Ici c’est tellement tordu et savoureux qu’il vaut mieux ne pas dévoiler le nœud familial agrémenté de conflit à la Rodos/Baxter pour laisser toutes ses chances au film. Parce que pour le reste, c’est du classique en ce qui concerne la mise en scène et l’interprétation. Leonard Mann est bon, sans plus, mais sa redingote est vraiment nickelle, crasseuse comme il faut, un poil sinistre comme on aime. Peter Martell est un peu moins ténébreux (c’est pas lui le héros) et il a une belle prestance, une belle intelligence dans le regard. Woody Strode est un peu sous-employé, mais il a un magnifique final, repris bien plus tard dans Keoma si je ne m’abuse docteur. Même George Eastman est bon quand il recherche l’or dans la cave (oui il y a aussi une histoire de banque dévalisée…), mais son poncho ne sied pas à merveille à sa grande taille. Enzo Barboni qui connaîtra plus tard la gloire en tournant la série des Trinita réalise ici un film sérieux qui se suit avec plaisir, avec de nombreuses péripéties secondaires qui s’intègrent parfaitement à l’action (les chasseurs de prime, le massacre des hommes de main), un budget honnête (on voit beaucoup de figurants et de matériel dans la ville de Dodge City) et surtout un pessimisme à toute épreuve, principale clé de voûte de cette petite production sincère et moins nanardesque que le titre ne laisse présager. On note également la belle utilisation, symptomatique du genre, des espaces naturels et du climat : la forêt, le froid, la boue, quelques scènes délicieusement incongrues comme la prestation de Woody Strode à l’orgue et un passage obligé chez Barboni : une belle castagne dans un saloon. Sans oublier de très gros plans sur les percuteurs et canons des armes en action. Tout est dit, il est inutile d’en rajouter des louches, l’amateur sera ravi, le puriste américain retournera maugréer dans son coin, le fan de Lorie ne saura point de quoi il retourne. C’est du solide, sans éclat particulier et sans faux col !

Où le voir : Il n’existe pas de DVD zone 2 de ce film, mais on peut trouver des vieilles VHS avec son détérioré, image recadrée et couleurs passées, comme le montre cette jaquette trouvée sur PriceMinister. Vu la rapidité des éditeurs français pour sortir des westerns spaghetti en DVD (comparé à nos voisins allemands), il faudra peut-être s’en contenter un petit bout de temps !

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