dimanche 3 juin 2007

Le Dollar Troué



Du bon, du bon, du bon et du bon, ça donne un bon petit western.
Un Dollaro Bucato
1965
Giorgo Ferroni
Avec Giuliano Gemma et Nello Pazzafini dans un petit rôle que je ne rate jamais !

Un ancien officier sudiste se fait descendre dans un petit complot pas joli joli. Il survit grâce à une pièce d’un dollar qu’il tenait dans une poche près de son cœur. D’où le dollar troué les amis !

Le dollar troué est cher à mon cœur pour des raisons d’ordre nostalgique. Ne vous attendez donc pas à une critique objective de ma part dans laquelle j’exposerais consciencieusement les forces et les faiblesses de ce petit film sans prétention. C’est d’ailleurs parce qu’il est sans prétention que Le Dollar troué n’a aucune faiblesse. Il commence avec un bon petit générique animé avec une musique sifflée, et là déjà ce n’est plus la peine de me parler, je suis dans l’ambiance et rien ne saurait me faire voir le moindre petit défaut au film. Comme souvent dans le western italien, le héros est un soldat sudiste déchu, qui a bien du mal à se faire respecter par les vainqueurs nordistes. Comme souvent, tout le monde où presque est corrompu dans l’histoire, et comme souvent, le héros cherche des preuves matérielles de la fourberie des puissants, preuves qui ne serviront in fine à rien puisque tous les méchants meurent. Mais c’est pas grave, le film est bien, je vous dis ! L’idée de scénario qui donne son titre au film, déjà, je la trouve géniale, mais alors carrément géniale, superbe, magnifique. Et l’utilisation des révolvers à canon scié – dont la précision est quasi-nulle – que l’on rendait aux soldats sudistes pour les humilier, alors j’applaudis, je me lève, je crie, j’exulte, c’est vraiment ce genre de détails que j’adore dans le western italien.
De western spaghetti, ici, il n’est pas trop question. L’ambiance est proprette, les décors font penser à La petite maison dans la prairie, la violence ne fait pas de tâche de sauce. On a bien un passage à tabac – semble t’il assaisonné de gros sel sur les plaies – mais celui-ci est coupé au montage. Et puis il y a la traditionnelle tentative de viol qui rate grâce au héros qui se détache à l’aide de ses éperons, plus rapidement que David Copperfield. A part ça, rien ne saurait choquer le curé de votre paroisse. Ce qui fait vraiment plaisir également, c’est le soin apporté à l’ensemble. Tout se tient, tout est cohérent, le scénario ne succombe à aucune facilité, et franchement, ça devrait plaire à vos enfants ou à l’enfant qui sommeille en vous, comme dirait Steven. Je me suis déjà enflammé dans la critique de Wanted du même réalisateur : de temps en temps, ça fait vraiment plaisir de redécouvrir un petit film positif, manichéen où les méchants se font punir comme il faut et qui voit le Bien triompher. On repart revigoré et heureux de vivre. Le Dollar Troué ne casse peut-être pas la baraque au niveau délire exacerbé et flamboyance baroque, mais comme le dit Giré dans son bouquin, si tous les westerns italiens avaient été faits avec la même exigence de qualité que les films de Ferroni, le genre n’aurait peut-être pas été aussi décrié !

Où que c’est y donc que je peux le trouver ? Le film est passé sur la chaîne Action en 2005, et une personne charitable a bien voulu me prêter un enregistrement sur DVD-R. Merci à lui. Oups… j’espère que je n’enfreins pas la loi DAVDSI machin bidule là… La qualité de l’image n’est pas au mieux, beaucoup de tâches et de salissures. Neo Publishing, si tu nous écoutes…
[Edit 2008]: Film disponible en VF uniquement chez Studio Canal.

6 commentaires:

  1. ça c'est un film qui pète les gars. Un film qui date d'avant le temps des tantouzez. Régalez vous les mecs des comme cela vous n'en verez plus le big frangin veille.

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  2. Petite précision sur la scène de passage à tabac "coupée au montage" : si elle est bien absente du DVD Studio Canal sorti en juillet 2008, elle figure sur le DVD australien Shoarma (version anglaise seulement, pas de ST) que je possède dans ma collection.
    Breccio

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  3. Merci pour ces précisions Breccio. Encore un film innocent victime de sévices censuresques!

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  4. Je viens de le voir, c'est sympa mais je me suis un peu ennuyé, hélas... Je n'ai rien contre le classicisme (j'adore "Un pistolet pour Ringo", "Texas Adios", parmi les spaghs première manière) mais il y faut quand même un peu plus de moyens ou de talent.. Contrairement à toi je pense que si le western italien en était resté à ce genre de petits films proprets, erzats du western US en moins bien, on n'en parlerait déjà même plus! Heureusement le meilleur était encore à venir... C'est l'invention visuelle, la démesure baroque, la violence débridée et le lyrisme morriconien qui ont assuré aux meilleurs films du genre une place pour la postérité !
    Old Timer

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  5. La remarque portait surtout sur la qualité de réalisation. Je suis d'accord que le meilleur en terme d'invention visuelle était encore à venir, mais souvent au détriment de la qualité de la réalisation (y compris chez Corbucci). Si tous les westerns italiens avaient été tournés avec autant de soin que ceux de Ferroni, avec la démesure en plus, le genre aurait été beaucoup plus respecté.

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