mardi 8 mai 2007

Wyatt Earp


Les westerns à la télé sont devenus aussi rares qu’un western spaghetti sans passage à tabac, alors pour marquer le coup, penchons nous rapidement sur l’effort de programmation surhumain de France 3 en ce lundi de Pâques 2006 :
Wyatt Earp.
Lawrence Kasdan
1994
Avec Kevin Costner, Dennis Quaid, Gene Hackman

Wyatt Earp était un type au menton gras et sans charisme. Il savait faire des belles phrases aux dames, et quand il le fallait, il sortait son arme, parfois plus que de raison. La grande question du film est donc : va-t-il passer du coté obscur de la force ?

Les westerns spaghetti ont cet avantage sur les westerns américains que quand ils sont ratés, au moins ils le sont complètements et dispensent quelques fous rires bien sentis. Les westerns américains ratés sont en général bien foutus, les plans sont raccords, l’image est belle et l’intrigue compréhensible. Mais alors qu’est ce qu’on se fait chier !
D’abord il y a la musique, pompière, pompeuse, pompante pleine de violonades sirupeuses quand il faut être triste et de roulements de tambours redondants quand l’action se réveille un peu. Il y en a qui aiment, moi ça me fatigue vite, et là le film dure 180 minutes, soit grosso modo 100 minutes de trop. Bien sûr une musique de cette trempe ne peut-être accompagnée que de dialogues creux à base d’aphorismes creux pour distiller des idées toutes aussi creuses (« la mort parfois c’est mieux de l’autre coté », « L’important, ce n’est pas la vie, c’est ce qu’on fait », « Je t’attendrais tous les jours » « Je ne peux pas, j’ai Waterworld à tourner »). Des fois, ça fait mouche, surtout quand Doc Holliday s’énerve un peu, mais bon dans l’ensemble on s’ennuie beaucoup. La liste des petites contrariétés ne serait pas complète sans au moins un peu de romance inutile et navrante, histoire de montrer Wyatt Earp discuter de Nietzsche et de la météo marine avec une belle jeune fille au coeur d’une campagne luxuriante. Encore un qui a trop vu Alamo !
On se retrouve donc à patienter jusqu’au fameux règlement de compte de OK Corral qui arrive au 2/3 du film et qui est passablement surprenant par son traitement assez anti-spectaculaire, probablement pour respecter une certaine réalité historique. Les balles crépitent dans tous les sens, les blessures font vraiment mal, et les protagonistes se ratent sans arrêt alors qu’ils sont à cinq mètres les uns des autres. Les armes à feu de cette époque étaient en fait réellement imprécises, et ceci arrange bien nos scénaristes qui en rajoutent sans doute dans le nombre de coups de feux tirés. Et les Clanton se prennent quand même la patée.
Le petit intérêt du film est de montrer que les choses ne s’arrêtèrent pas là. Un des frères Earp se fait descendre par la suite sous une pluie battante, et Wyatt Earp, devenu hors la loi, pourchasse les meurtriers les uns après les autres avec une rage qui ne colle pas trop avec le visage gras du bide de Costner. On a malgré tout un beau gunfight dans les rochers, vraiment réussi, avec un semi ralenti ou la peur et la douleur se lisent sur les visages. Ces quelques moments de bravoure ne suffisent malheureusement pas à sauver un film qui manque sérieusement de peps et de passion. Les tourments sombres de Wyatt Earp et de Doc Holliday ne sont pas ignorés, mais ils sont juste survolés pour ne pas charger les héros de la légende et pour produire une œuvre politiquement correcte. Ce film a ses fans, mais je n’en fais pas partie. Kasdan est meilleur quand il fait du divertissement pur et dur à la Silverado, Costner qui campe un Earp assez fadasse, est meilleur dans ses propres westerns, en particulier Open Range où il parvient cette fois, à jouer un personnage véritablement ambigu. Mais merci quand même France 3, les gars, vous avez des tripes!

1 commentaire:

  1. Oh Kevin Costner!!! Quel acteur! Oui je me doute que mes commentaires sont étranges, mais devant de tels chefs d'oeuvres...

    En tous les cas, je suis ravie d'être tombée sur ton blog.. Il est fort intérressant, pleins de films que je ne connaissais pas..

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